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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 10:19

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Padre Pio est le nom d'un capucin et prêtre italien né Francesco Forgione, le 25 mai 1887 à Pietrelcina (province de Bénévent, en Campanie, Italie), mort le 23 septembre 1968 à San Giovanni Rotondo (province de Foggia dans les Pouilles en Italie). 

Il avait pris le nom de Pie (en italien Pio), en hommage au pape Pie V, quand il rejoignit l'ordre des frères mineurs capucins.

Il fut connu pour être le premier prêtre et l'un des rares hommes à qui la tradition attribue des stigmates. Il a été canonisé par l'Église catholique romaine le 16 juin 2002 sous le nom de Saint Pio de Pietrelcina.

Trop maladif pour être cultivateur comme son père, sa mère voit en lui un futur prêtre. Francesco rejoint l'Ordre des frères mineurs capucins le 22 janvier 1903 à Morcone. En raison de sa santé fragile, il retourne dans sa famille, puis est envoyé dans divers couvents. Le novice capucin prononce ses vœux solennels le 27 janvier 1909. Au mois de décembre 1908, il reçoit la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat dans la cathédrale de Bénévent. Le 18 juillet 1909, il est nommé diacre dans le couvent de Morcone et prend alors le nom de frère Pio, en hommage au pape Pie V.

Il est ordonné prêtre à la cathédrale de Bénévent le 10 août 1910 et nommé à Santa Maria degli Angeli de Pietrelcina. Dès 1911, il signale à son confesseur l'apparition depuis un an de signes rouges et de douleurs vives aux mains et aux pieds. Il est à partir du 4 septembre 1916 au couvent de San Giovanni Rotondo. Le Padre Pio se réveillait à l'aube pour lire le bréviaire. Cinq stigmates visibles, qui ont fait l'objet de plusieurs rapports médicaux, lui sont apparus le 20 septembre 1918.

Pendant la Première Guerre mondiale, il sert comme infirmier dans le corps médical italien (1917–1918). C'est pendant la guerre que se situe un événement raconté par le bénéficiaire lui-même. Le 24 octobre 1917, une attaque surprise des Autrichiens et des Allemands ayant percé les lignes italiennes et causé le désastre de Caporetto (Kobarid), le général Luigi Cadorna, commandant en chef et soldat valeureux, fut limogé. Retiré au palais de Zara, à Trévise, très marqué par sa défaite, il décida d'en finir et, s'apprêtait à tirer le coup de revolver fatal, lorsqu'il vit soudain entrer dans son bureau un moine capucin qui le convainquit de ne pas attenter à sa vie. Une fois le religieux reparti aussi soudainement qu'il était apparu, Cadorna tança les gardes en faction, leur reprochant d'avoir laissé passer sans l'annoncer un moine inconnu de tous. Les soldats jurèrent leurs grands dieux qu'ils n'avaient vu personne entrer ou sortir ! Plusieurs années plus tard, le général voyant une photo de Padre Pio dans un journal, reconnut le capucin qui lui avait sauvé la vie par des paroles de réconfort, un soir de novembre 1917.

On a dit qu’il avait le don de lire dans les âmes qu’il confessait. Souvent, dans des confessions, il rappelait lui-même aux pénitents des fautes qu'ils avaient oubliées.

Le 5 août 1918, tandis qu'il confessait les jeunes scolastiques de son couvent, le Padre Pio manifeste des symptômes ou des signes faisant référence à la transverbération : son cœur est transpercé par un dard spirituel avec saignement réel. Selon la tradition, sa stigmatisation complète a lieu le 20 septembre 1918, des stigmates (plaies du Christ sanguinolentes aux mains, aux pieds et au thorax comme les cinq plaies du Christ), qu'il cherche à cacher avec des mitaines.

Dans les premiers jours Padre Pio cherche à dissimuler les plaies, mais les femmes qui suivent sa direction spirituelle voient les plaies et ébruitent la nouvelle. De même les jeunes qu'il enseigne perçoivent aussi des cicatrices sur les mains de Padre Pio. Le 9 mai 1919, le premier journal Il Giornale d'Italia parle des « miracles » du Padre Pio. Le 25 mai 1919, une revue locale publie la nouvelle en intitulant « Le Saint de San Giovanni Rotondo ». Au mois de juin 1919, trois journaux dont Il Mattino, principal journal de Naples, reprennent l'information en parlant des miracles qu'opère le thaumaturge Padre Pio. La notoriété, non voulue par Padre Pio et encore moins par ses supérieurs qui avaient imposé toute discrétion aux frères du couvent, contribue à faire venir de plus en plus de monde auprès du monastère. Les premières interprétations médicales se font autour du cas de Padre Pio, dont le Professeur Enrico Morrica, qui n'a pas vu Padre Pio, interprète les miracles de Padre Pio comme du « magnétisme animal » issue de « dangereux phénomènes morbides de psychologie collective ».

Face aux nouveaux évènements le supérieur des capucins ainsi que le Saint-Office décident de faire ausculter Padre Pio afin de savoir l'origine naturelle ou surnaturelle des prétendus stigmates. Les théories naissantes sur l'hystérie et l'école de l'idéoplastie sont alors mis en avant par les sceptiques pour nier le caractère surnaturel des stigmates. Plus de trois médecins ausculteront les plaies de Padre Pio : le docteur Luigi Romanelli, chef de l'hôpital de Barletta, le Docteur Angelo Maria Merla, maire de la commune, socialiste et agnostique. Les auscultations conduisent à lever toute idée d'automutilation et arrivent à « la conclusion que le fait constitue en soi un phénomène que n'est pas capable d'expliquer la seule science humaine »A 8. Le Saint-Office fait envoyer le 12 et 13 juillet 1919 le professeur Amico Bignami, positiviste qui ausculte à son tour Padre Pio. Très sceptique, les conclusions qu'il donne sont différentes des deux autres médecins. Même s'il constate que les plaies de Padre Pio ont des caractéristiques « qu'il est impossible d'expliquer à partir des connaissances que nous possédons relativement aux nécroses névrotiques, et la localisation parfaitement symétrique des lésions décrites, et leur persistance sans modification notable, au dire du malade », il conclut à la possibilité que les plaies soient « pour partie le résultat d'un état morbide, pour partie artificielles ».

Les soupçons d'imposture sont tels que le Saint-Office tient Padre Pio pour un « phénomène de cirque » dont profitent ses frères capucins, par le biais de la crédulité publique, pour attirer des pélerins et recueillir des fonds considérables.

Le Saint-Office, considérant parfois comme de véritables charlatans les saints vivants stigmatisés (ces superstitions pouvant se retourner contre la foi), rend publique sa méfiance théologique : le 31 mai 1923, il émet un décret exhortant les fidèles à ne pas croire aux faits surnaturels liés à la vie de Padre Pio et à ne pas aller à San Giovanni Rotondo ; le 5 juillet 1923, les Acta Apostolicae Sedis écrivent « les témoignages actuels ne prouvent pas que les stigmates, les bilocations présumées puissent être tenues à coup sûr pour miraculeuses » et L'Osservatore Romano déclare Padre Pio imposteur de mauvaise foi.

De 1924 à 1928, trois visiteurs apostoliques viendront enquêter auprès du Padre Pio. Des médecins et des psychiatres l'examinent, craignant des manifestations hystériques. Il est pourtant déclaré sain et sincère. 

Il est dès lors très critiqué, non du fait de son état, mais à cause des débordements des fidèles; il est aussi remis en cause par sa hiérarchie qui voit dans sa popularité une menace et une dérive, et l'oblige le 23 mai 1931 à cesser toutes activités publiques, en célébrant la messe dans la chapelle intérieure du couvent. Des témoignages persistent cependant concernant des phénomènes surnaturels, notamment sur des fragrances insolites projetées à distance, en plus de l'odeur de sainteté qui l'accompagnait habituellement.

Durant toute sa vie, il aurait subi presque quotidiennement les attaques physiques et morales de « Satan » dont les « cosaques », comme il les nommait, seraient venus nuitamment le frapper, faisant tant de bruit dans le monastère que certains moines, terrifiés, auraient demandé leur mutation.

Dès cette époque, le Padre Pio est considéré par la ferveur populaire comme un grand saint thaumaturge du XXe siècle, ayant accompli une multitude de miracles de guérison instantanée en présence de nombreux témoins. On lui prête également le don de bilocation (apparition simultanée en deux endroits) , en plus de phénomènes particuliers telle l'hyperthermie (température très élevée du corps, au delà de 48°) ou l'inédie (abstention prolongée de nourriture ou de boisson au delà de deux mois) ou la connaissance de langues qui lui étaient étrangères. La lévitation, bien que relayée par la rumeur, ne reçoit que le seul témoignage du Padre lui-même.

Le 14 juillet 1933 le Saint-Office autorise à nouveau le Padre Pio à célébrer des messes publiques et à entendre des confessions.

Le 10 janvier 1940, il ébauche les plans pour une Casa Sollievo della Sofferenza « Maison pour soulager la souffrance ». L'hôpital ouvre en 1944, mais l'inauguration officielle n'a lieu que le 5 mai 1956. À la même époque, le Padre Pio fonde des Groupes de prière afin de guérir et soulager les âmes.

Dès 1947, des mesures sont à nouveau prises à San Giovanni Rotondo suite à la visite du père général de l'ordre des Capucins, qui constate un certain désordre liturgique à cause de la piété excessive de certains fidèles. En 1947, le jeune père Karol Wojtyla, futur Jean-Paul II lui rendit visite.

Ce n'est qu'à la demande expresse du pape Paul VI, qu'il est à nouveau pleinement autorisé à effectuer son office sans restriction, à partir du 30 janvier 1964. 

Le 7 juillet 1968, le Padre Pio est victime d'une attaque. Le 22 septembre 1968, il célèbre la messe solennelle du cinquantenaire de ses stigmates qu'il exprime ainsi : 

« Cinquante ans de vie religieuse, cinquante ans cloué à la croix, cinquante ans de feu dévorant pour toi, Seigneur, pour les êtres que tu as rachetés. ». 

Le soir même il reçoit l'extrême onction et s'éteint quelques heures plus tard, à 2h30 le matin du 23 septembre 1968.

Lors des funérailles, alors que le corps de Padre Pio reposait dans la crypte, la foule de fervents réunis au-dehors chanta des cantiques particulièrement aimés du religieux. Soudain, on entendit des exclamations de joie : le Padre Pio apparaissait, souriant, le visage tourné vers la gauche, sur la vitre de ce qui avait été sa cellule ! On voyait nettement sa bure, jusqu’au ventre.. Aux cris de « Miraculo ! » de la foule, le père gardien du couvent dépêcha un moine sur les lieux. Et ce dernier revint avec l’information incroyable : le Padre apparaissait sur la vitre. Alors, pour donner une bonne leçon de réalisme à tous ceux qu’il pouvait considérer comme des exaltés, des fanatiques, il donna l’ordre d’ouvrir la fenêtre de la cellule du Padre et de tendre un drap blanc. Après un « Ah » de déception de la foule, retentirent soudain des « Oh ! Oh ! » joyeux et amusés : la « photo vivante » du Padre apparaissait à la fois sur toutes les vitres de cette façade du couvent de Sainte-Marie-des-Grâces. On dit que lors de son enterrement une douce odeur était présente, l'odeur de sainteté.

Durant sa vie, Vingt millions de personnes ont assisté à ses messes, et cinq millions s'y sont confessées. On lui prête des guérisons miraculeuses de paralysies, tuberculoses, fractures, broncho-pneumonies, méningites, cécités et cancers, dont il attribue toujours humblement l'action à Jésus ou Marie. Par ailleurs, de nombreuses personnes déclarent s'être converties à la suite d'une rencontre avec lui.

Procès en béatification

Le Padre Pio a fait l'objet de deux investigations officielles conduites par les autorités du Saint-Siège dès le 20 mars 1983, qui, en 1990, conclurent à l'authenticité de certains miracles, après avoir rassemblé 73 témoignages en 104 volumes. 

Suite à l'avis favorable donné le 13 juin 1997 par la Congrégation pour la cause des saints, le Padre Pio est déclaré bienheureux le 2 mai 1999 au Vatican, en présence de plus de 200 000 personnes par le pape Jean-Paul II. 

Le 16 juin 2002, Jean-Paul II le canonise sous le nom de sanctus Pius de Pietrelcina (saint Pio da Pietrelcina) tout en ouvrant une procédure de reconnaissance officielle des stigmates par l'Église, des escarres détachés de ses stigmates lorsqu'il était toujours en vie étant utilisées comme reliques à cet effet. Sa tombe est ainsi devenue un haut lieu de pèlerinage.

La question des stigmates

Les « stigmates » de Padre Pio ont été examinés par des médecins à plusieurs reprises, en particulier à l'instigation de sa hiérarchie.

Dès 1919, le Saint-Office mande le Dr L. Romanelli, de l'hôpital de Barletta, qui l'examine 5 fois entre 1919 et 1920 : « La blessure du thorax montre clairement qu'elle n'est pas superficielle. Les mains et les pieds sont transpercés de part en part. »

« Je ne peux trouver une formulation clinique qui m'autorise à classer ces plaies. »

Certains témoins disent avoir pu voir au travers des trous de ses mains, plaies qui n'auraient donc pas été superficielles. 

En 1919, un médecin athée, le Pr Bignami, fait poser des scellés sur les bandages, pour écarter l'hypothèse de l'utilisation volontaire d'acide sur les plaies. En 1920 et 1925, le Dr Festa réexamine le Padre et conclut à : « ... des phénomènes, reliés harmonieusement entre eux, qui se soustraient au contrôle des recherches objectives et de la science. » 

Le corps de Padre Pio ne comportait aucune trace de stigmates ou de cicatrices lors de l'examen post-mortem.


 

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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 18:29

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Les parents d'Anjezë Gonxhe Bojaxhiu sont des commerçants bourgeois et catholiques, Albanais d'ascendance de la région de Mirdita, région du Nord de l'Albanie. Ils ont deux enfants, une fille Age, et un fils Lazare quand Agnès naît à Skopje le 26 août 1910.

 

Kol, son père, tient à ce que tous ses enfants aillent à l’école, garçons et filles, chose relativement rare dans un pays marqué par l'influence ottomane. Les enfants aident aux travaux domestiques et reçoivent par leur mère une éducation religieuse.

 

Ses parents, catholiques pratiquants, aident souvent les pauvres de la ville, et Agnès accompagne souvent sa mère dans la visite aux plus démunis. Drâne, sa mère, conseille à ses enfants « Quand vous faites du bien, faites-le comme une pierre que vous jetez à la mer ». De même ils accueillent régulièrement des pauvres à leur table ; Agnès est marquée par la recommandation de sa mère « Ma fille n'accepte jamais une bouchée qui ne soit partagée avec d'autres ».

 

En 1919 le père d'Agnès est victime d'un malaise et meurt. Elle se retrouve alors orpheline à 9 ans. Les entreprises familiales font faillite et Drâne ouvre un atelier de couture pour subvenir aux besoins de sa famille.

 

La mère éduque ses enfants dans la foi, les enfants participent activement à la vie de la paroisse tenue par des jésuites. La famille organise des veillées de prières, participe aux offices. C'est dans cette ambiance de prière qu'Agnès pense, à l'âge de 12 ans à se consacrer à Dieu, elle met six ans à être convaincue de cet appel. Elle aime la solitude, la lecture, mais sa santé est fragile et elle est victime de rhumes chroniques.

 

Un nouveau père jésuite Franjo Jambrekovic développe dans sa paroisse l'intérêt pour les missions, tant par des prières que des revues ou des conférences de missionnaires qui viennent. À l'âge de 17 ans, elle lui demande comment discerner sa vocation, le père jésuite répond que c'est « par la joie ». Après un pèlerinage au sanctuaire marial de Letnice, elle ressent le désir d'une vie consacrée.

 

Elle demande à sa mère l'autorisation d'entrer dans la congrégation des sœurs de Lorette. Sa mère accepte, malgré l'opposition de son frère Lazare. Agnès postule avec l'aide du père Franjo Jambrekovic et son départ est prévu pour le 25 septembre 1928.

 

Elle quitte sa terre natale le 26 septembre 1928, à l'âge de 18 ans, et rejoint le couvent de l'ordre missionnaire des sœurs de  Notre-Dame de Lorette à Rathfarnham près de Dublin en Irlande. En six semaines elle apprend l'anglais. Le 1er décembre 1928, munie de quelques bases d'anglais, elle part en Inde pour y faire son noviciat.

 

Elle arrive à Calcutta en 1929 ; elle y est très vite choquée par l'extrême pauvreté, elle écrit ses impressions à un journal catholique de son village : « Si les gens de nos pays voyaient ces spectacles, ils cesseraient de se plaindre de leurs petits ennuis ». Elle part ensuite pour Darjeeling où elle fait son postulat et son noviciat.

 

Agnès devient novice le 23 mai 1929 et porte l'habit religieux pour la première fois. Retirée du monde, elle reçoit une formation religieuse et prépare son diplôme d'enseignante. Le 25 mai 1931 elle fait ses vœux temporaires et change de nom pour s'appeler sœur Mary-Teresa.

 

Après avoir travaillé quelques mois dans un dispensaire au Bengale où elle soigne des pauvres, sœur Mary-Teresa devient enseignante à l'école de Loreto Entally à Calcutta, de 1931 à1937. Face à des classes de 300 élèves, sa pédagogie stricte et son service humble la rendent proche des enfants indiens qui l'appellent rapidement « Ma », ce qui signifie « Mère »

 

Elle prononce ses vœux définitifs en Inde le24 mai 1937. Elle devient en 1944 directrice des études à Sainte-Marie, école réservée aux classes sociales supérieures de Calcutta. Elle consacre une partie de son temps aux bidonvilles où elle se rend pour consoler les démunis et les malades, et visiter ceux qui sont hospitalisés à Nibratan Sarkal. Elle écrit à sa mère, et annonce probablement avec fierté sa nomination en tant que directrice ; sa mère lui répond : « Ma chère enfant, n'oublie pas que si tu es partie dans un pays si lointain, c'est pour les pauvres ».

 

Le 10 septembre 1946, au cours d'un voyage en train de Calcutta à Darjeeling où a lieu la retraite annuelle de sa communauté, elle reçoit ce qu'elle appelle « l'appel dans l'appel ». Pendant qu'elle essaye de dormir : « Soudain, j'entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C'était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment ». Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de l'inspiration ». Mère Teresa ajoute que cette expérience est celle de l'amour de Dieu, qui veut aimer mais aussi être aimé. Elle exprime cette expérience beaucoup plus tard dans une lettre en 1993 revenant sur cette expérience du 10 septembre, en affirmant que Dieu a soif de nous : « Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci : “J'ai Soif” est bien plus profond que Jésus vous disant “Je vous aime”. Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui ».

 

Elle ne parle à personne de cette expérience et médite en silence. De retour à Calcutta, elle écrit à son père spirituel jésuite Céleste Van Exem, et lui dit son désir de tout quitter. Il lui recommande de prier et de garder le silence. Peu de temps après il expose la situation à l'évêque  de Calcutta Mgr Ferdinand Perier qui s'y oppose. Sœur Mary-Teresa n'est pas surprise de la réponse et mûrit son désir ; elle veut fonder un nouvel ordre religieux. Elle tombe gravement malade peu de temps après et est envoyée dans un sanatorium dans l'État du Bengale occidental, pour guérir d'un début de Tuberculose. Pendant cette convalescence elle prie et approfondit le message qu'elle a reçu, elle dit découvrir alors que Dieu l'aime mais aussi qu’il veut être aimé.

 

Ce temps de repos est écourté du fait de la crise qui secoue l’Inde: les sœurs rappellent Sœur Mary-Teresa pour répondre aux besoins d'aide. Sa détermination est toujours aussi grande; aussi l'archevêque demande-t-il au Saint-Siège la permission de pouvoir lui accorder l'exclaustration. Le 8 août 1948 elle reçoit la réponse, le pape Pie XII lui accorde la permission de quitter son ordre pour un an.

 

Sœur Mary-Teresa, qui se fait appeler Mère Teresa, prépare son départ après avoir reçu l'autorisation ; elle se confectionne un sari bleu et blanc. Le 16 août 1948 elle quitte avec difficulté les sœurs de Lorette ; elle a cinq roupies en poche.

 

Elle se rend à Patna afin d'y recevoir une formation d'infirmière. Elle revient quatre mois plus tard et loge chez les petites sœurs des pauvres. Elle décide alors de donner des cours dans la rue aux enfants dès le 21 décembre 1948 ; dix jours plus tard ils sont déjà plus de 50 enfants. Elle cherche à louer un local ; elle distribue des savons et en explique l'usage. Elle ouvre dans un autre bidonville de Tiljana une nouvelle école. Elle tente de soigner les pauvres qu'elle rencontre. Certains critiquent la nouvelle vie de Mère Teresa, la trouvant inefficace et utopiste.

 

En janvier 1949 elle recherche à vivre au plus près des pauvres, et ne veut plus vivre avec l'aide des petites sœurs des pauvres ; elle décide donc de chercher un nouveau lieu et grâce à l'aide du père Van Exem elle est accueillie au dernier étage d'une maison de Portugais. Sa vie s'organise entre les temps de prière, l'enseignement aux enfants et les soins aux mourants. Elle reçoit l'aide ponctuelle de laïcs et mendie dans des pharmacies les médicaments qu'elle ne peut payer.

 

Le 15 mars 1949, Mère Teresa reçoit la visite d'une de ses anciennes élèves, qui lui demande de pouvoir la suivre. Quelques jours après elle est suivie par deux autres anciennes élèves. En août 1949, le délai de l'autorisation étant achevé, l'évêque décide de prolonger l'exclaustration de Mère Teresa.

 

Très vite plus de dix jeunes filles décident de suivre Mère Teresa. Elle oblige ses anciennes élèves à achever leurs études supérieures. Au printemps 1950 le Père Van Exem demande à Mère Teresa d'écrire une règle religieuse. Elle écrit la règle en une nuit et décide de choisir le nom de missionnaire de la Charité. Elle choisit ce nom de charité : Αγάπη  amour, Mère Teresa voulant répandre l'amour qui vient de Dieu. Mgr Ferdinand Perier inaugure la nouvelle congrégation le 7 octobre1950. Elles adoptent l'habit du sari comme habit religieux pour se fondre parmi les populations indiennes.

 

Mère Teresa voit un mourant, et décide de l'emmener à l'hôpital, mais l'établissement refuse de le prendre en charge ; et l'agonisant meurt sans avoir été accueilli. Mère Teresa décide alors de s'occuper des mourants et demande un lieu à la mairie de Calcutta, qui lui offre un local à Kaligat proche du temple à la déesse hindoue Kali. Elle appelle la maison « Nirmal Hriday », « Maison au cœur pur - Foyer pour mourants abandonnés ». Les sœurs amènent les mourants les plus pauvres et abandonnés et les soignent avec des moyens rudimentaires.

 

Deux ans après la fondation, Mère Teresa achète une maison, vendue à prix dérisoire par un musulman, pour y établir les sœurs. Mère Teresa exige des sœurs une pauvreté des lieux, qu'elle justifie : « Comment puis-je regarder les pauvres en face, comment puis-je leur dire “je vous aime et je vous comprends” si je ne vis pas comme eux ? ». De même elle refuse l'aide économique du Vatican.

 

La vie est organisée avec des temps de prières le matin et le soir, et la journée au service des pauvres. Mère Teresa affirme que la « prière est la respiration de l'âme. Sans la force que nous recevons de la prière, notre vie serait impossible. ». Elle explique le lien entre la prière et l'action des sœurs missionnaires de la Charité, voyant dans chaque pauvre la présence de Dieu : « Jésus veut rassasier sa propre faim de notre amour en se cachant derrière les traits de l'affamé, du lépreux, du mourant abandonné. C'est pourquoi nous ne sommes pas des assistantes sociales mais des contemplatives au cœur même du monde. Nos vies sont consacrées à l'eucharistie par le contact avec le Christ, caché sous les espèces du pain et du corps souffrant des pauvres ».

 

Un jour Mère Teresa aperçoit un enfant abandonné en train d'être mangé par un chien dans la rue ; elle recueille l'enfant qui meurt quelque temps après. Mère Teresa décide alors de créer un orphelinat. Le nouveau centre Nirmala Sishu Bavan ouvre ses portes le 24 novembre 1955 ; elle y recueille les enfants abandonnés et les propose à l'adoption. Elle ouvre quelque temps après un centre spécialisé pour les enfants qui ne sont pas adoptés, du fait de la croyance au mauvais karma et de la marginalisation des intouchables.

 

Pour Mère Teresa, chaque vie est sacrée, elle s'oppose toute sa vie à l'avortement: « Toute vie est vie de Dieu en nous. Même l'enfant non encore né a la vie de Dieu en lui. Nous n'avons pas le droit de détruire cette vie, quel que soit le moyen employé et pour quelque raison que ce soit ». Son engagement contre l'avortement suit deux axes : éduquer à la méthode de contraception naturelle, et favoriser les adoptions d’enfants de personnes qui veulent avorter.

 

Entre 1948 et 1957 Mère Teresa et les premières sœurs s'occupent des lépreux qu'elles rencontrent, mais sans que ce soit pour autant une priorité. C'est en 1957 qu'elle reçoit 5 personnes qui ont perdu leurs emplois suite à la lèpre, du fait de la croyance au mauvais karma, qui conduit à exclure les lépreux de la société.

 

Mère Teresa cherche alors à ouvrir un centre pour les lépreux, mais les sœurs sont accueillies par des jets de pierre, Mère Teresa décide donc d'envoyer des ambulances pour soigner les lépreux. Ce moyen ambulant permet ainsi de soigner les lépreux en les rejoignant.

 

Devant les difficultés financières, le père Van Exem publie une annonce dans un journal afin de demander des soutiens. Mère Teresa est invitée à la BBC pour témoigner et demander de l'aide. De nombreuses personnes répondent, mais elle ne se satisfait pas de la seule aide financière : elle demande aux coopérateurs d'aider là où ils sont, en se consacrant à leur entourage et à la prière.

 

L'année 1959 marque ce que Mère Teresa appelle le « troisième pas de ma vie ». Dix ans après sa fondation sa congrégation peut se développer en dehors des limites de son diocèse de Calcutta.

 

Mère Teresa s’implante à Ranchi, puis à New Dehli en présence de Nehru. L'année suivante elle fonde des missions à Jansi, Agâ, Asansal et Bombay où elle s'offusque publiquement de l'extrême pauvreté qui y règne. En 1962 elle reçoit la première décoration Padma Shri des mains du président indien pour son œuvre.

 

En mars 1963 les premiers hommes fondent les frères missionnaires de la charité.

 

En 1963, Mère Teresa s'oppose en vain à la destruction d’un hôpital de lépreux à Calcutta ; elle décide de créer en 1963 une cité pour lépreux, la Cité de la paix à Asansol. La cité commence dès 1964. Le Pape Paul VI en visite en 1965 en Inde demande à Mère Teresa «  Que puis-je faire pour vous ». Elle lui répond « Donnez-moi la moitié de votre Vatican pour y loger mes pauvres ». Suite à cela, il offre sa limousine à Mère Teresa qui décide alors de la mettre aux enchères afin de pouvoir financer la construction de sa cité.

 

Dès 1965 les missionnaires de la Charité s’implantent en Amérique Latine à la demande du pape Paul VI. Mère Teresa refuse cependant tout engagement politique des sœurs, choisissant d’aller dans tous les pays, même dans les dictatures comme Haïti, les Philippines ou le Yemen musulman, ce qui lui est très vivement reproché

 

En 1968 à la demande de Paul VI, elle ouvre une maison à Rome, et découvre alors la grande pauvreté qui existe aussi dans le monde occidental. Dans le même temps, les sœurs œuvrent au Bangladesh, pays dévasté à cette époque par la guerre d'indépendance. L'œuvre s'étend peu à peu partout où est la pauvreté, même dans des régions et des pays peu favorables aux chrétiens, et jusque-là interdits à tout missionnaire.  

 

En 1969 les missionnaires de la Charité sont reconnues de droit pontifical. En 1971 Mère Teresa reçoit le prix Jean XXIII du pape Paul VI, ce qui marque le début de la reconnaissance mondiale de son œuvre. Elle fonde alors une maison à New York ainsi qu’un noviciat à Londres.

 

En 1976 elle décide de fonder l’ordre des sœurs contemplatives, les sœurs du Verbe qui consacrent leurs temps à la prière pour les pauvres ; elle en fonde la première maison à New York.

 

En 1978, elle reçoit le prix Balzan pour l'humanité, la paix et la fraternité entre les peuples. En plus de ses nombreuses médailles, Mère Teresa est docteur honoris causa de plusieurs universités.

 

Le 17 octobre 1979, Mère Teresa reçoit le prix Nobel de la paix qu'elle accepte « au nom des pauvres ». Elle refuse le dîner de gala organisé en son honneur et demande que soit plutôt versé l’argent du dîner pour ses pauvres, ce qui sera fait.

 

À partir de ce moment la vie de Mère Teresa devient fortement médiatisée. Mère Teresa critique alors le matérialisme et l'égoïsme des sociétés occidentales, elle élargit son discours sur la pauvreté et parle de la faim spirituelle: « L'amour naît et vit dans le foyer. L'absence de cet amour dans les familles crée la souffrance et le malheur du monde aujourd'hui. Nous avons tous l'air pressé. Nous courons comme des fous après les progrès matériels ou les richesses. Nous n'avons plus le temps de bien vivre les uns avec les autres : les enfants n’ont plus de temps pour les parents, ni les parents pour les enfants, ni pour eux-mêmes. Si bien que c'est de la famille elle-même que provient la rupture de la paix du monde ».

 

En 1982, sur une des hauteurs du siège de Beyrouth, mère Teresa sauve 37 enfants hospitalisés pris au piège dans une ligne de front entre l'armée israélienne et la guérilla palestinienne. Elle provoque un cessez-le-feu, et accompagnée par la Croix-Rouge, elle traverse la zone de tir jusqu'à l'hôpital dévasté pour évacuer les jeunes patients.

 

En 1984, elle fonde les « pères missionnaires de la Charité » avec le père Joseph Langford. Le 11 décembre de la même année, elle vient assister les victimes de la catastrophe de Bhopal, quelques jours après le désastre. En 1985 elle reçoit de Ronald Reagan la plus haute distinction américaine. La même année elle crée à New York le premier foyer pour les victimes du sida, qui vient de faire son apparition.

 

Le déclin de l’URSS marque le début des fondations dans les pays de l’Europe de l’Est en 1989.

 

En cette même année 1989, Mère Teresa est victime d’un arrêt cardiaque, et elle décide de démissionner de la charge de supérieure des Missionnaires de la Charité. Elle est cependant réélue en 1990. Elle continue ses voyages malgré sa santé fragile, et fonde une maison en Albanie, pays de sa naissance. En décembre 1991 elle est de nouveau victime d’un arrêt cardiaque, elle se repose mais reprend ses visites dans le monde entier, cherchant à fonder en Chine.

 

Mère Teresa a une tumeur à l'estomac. Le 5 septembre 1997, elle est amenée d'urgence à l'hôpital ; c'est vers 14h30 qu'elle décède des suites de cette tumeur.

 

 « J'ai Soif »

 

Mère Teresa est très marquée par l'expérience du 10 septembre 1946, et bien qu'elle soit discrète pendant des années sur cette expérience, elle met les paroles de Jésus lors de la Passion « J'ai soif » dans toutes les chapelles des missionnaires de la Charité.

 

Quand elle explique son expérience du 10 septembre 1946, elle affirme avoir expérimenté la « soif de Dieu » comme étant les « profondeurs du désir divin infini d'aimer et d'être aimé ». Elle conçoit alors sa vocation comme répondre à cette soif de Dieu, aimant les pauvres dans lesquels elle voit Dieu : « Pour moi, ils sont tous le Christ- Le Christ dans un déguisement désolant ».

 

Elle explicite cette « soif de Jésus » lors la lettre dite de « Varanasi » écrite aux missionnaires de la Charité, le 25 mars 1993, dans laquelle elle affirme « Si vous devez retenir quelque chose de la lettre de Mère, retenez ceci: « J'ai soif » est bien plus profond que Jésus vous disant « Je vous aime ». Tant que vous ne savez pas au plus profond de vous que Jésus a soif de vous, vous ne pouvez pas savoir qui il veut être pour vous. Ou qui il veut que vous soyez pour lui. » Mère Teresa poursuit « Jésus a soif, même maintenant, dans votre cœur et dans les pauvres, il connaît votre faiblesse. Il veut seulement votre amour, il veut seulement la chance de vous aimer. ».

 

Alors que Mère Teresa embrasse pleinement sa vocation missionnaire, elle insiste tout autant sur la nécessité d'une vie contemplative de prière. Ainsi, malgré la surcharge de travail, elle insiste pour que chacune des Missionnaires de la Charité puisse participer à l'Eucharistie et passer une heure devant le Saint Sacrement chaque jour. Pour Mère Teresa, la prière n'est pas du temps pris sur le service des pauvres, mais bien une partie essentielle de celui-ci : « plus nous recevons dans la prière silencieuse, plus nous pouvons donner. »

 

Malgré sa souffrance physique et psychologique et la pauvreté qui l'entoure, Mère Teresa défend toute sa vie durant la réalité du bonheur terrestre accessible par la simplicité. En s'appuyant sur son expérience et celle des hommes et des femmes qui l'ont suivie, Mère Teresa trace un chemin tout simple vers le vrai bonheur qu'elle résume dans son dernier ouvrage Un Chemin tout simple publié de son vivant en 1995. Ce chemin se résume en cinq lignes qu'elle imprime sur des petits cartons jaunes qu'elle distribue à ses visiteurs:

 

« Le fruit du silence est la prière. Le fruit de la prière est la foi.

 

Le fruit de la foi est l'amour.

 

Le fruit de l'amour est le service. Le fruit du service est la paix. »

 

— Mère Teresa, Un Chemin tout simple

 

Bien que souvent accusée de mythifier la pauvreté et de prêcher un plaisir de la souffrance, Mère Teresa fait une distinction entre la pauvreté librement choisie des religieux, qui est un signe, et la misère imposée, qui est le résultat de la pauvreté. Pour elle, « c'est le résultat de notre refus de partager. Dieu n'a pas créé la pauvreté, il nous a seulement créés, nous ».

 

Dans le silence, Mère Teresa vit pendant 50 ans une «nuit de la foi». Largement commentée dans les milieux chrétiens à l'époque de sa béatification, cette épreuve apparaît avec une précision jusque-là inédite avec la publication de Mother Teresa : Come be my Light (Mère Teresa : Viens, sois ma lumière), un ouvrage compilant des lettres rédigées au cours des soixante dernières années de sa vie.

 

Elle avait ainsi confié en 1979 à son confesseur le Père Michael Van Der Peet : « Pour moi, le silence et le vide sont si importants que je regarde et ne vois pas, que j'écoute et n'entends pas ». À la lecture de ses lettres, les tourments permanents de mère Teresa sont révélés dans toute leur ampleur. Sa tranquillité se comprend mieux à la lumière de ses enseignements : « Dieu aime celui qui donne avec joie et Il prend tout contre, la religieuse qu'Il aime ».

 

Poursuivant sa mission de répandre l'amour auprès des plus pauvres, Mère Teresa, plutôt que de se laisser écraser par le désespoir, trouve dans cette épreuve une opportunité de se rapprocher des pauvres qu'elle sert :

 

« La situation physique de mes pauvres abandonnés dans les rues, indésirables, mal aimés, délaissés - est l'image fidèle de ma propre vie spirituelle et de mon amour pour Jésus »

 

— Mère Teresa, Extrait d'une lettre à son directeur spirituel le père Neumer

 

 

 

Son rayonnement dépasse tous les clivages religieux et culturels. Ainsi, les musulmans bengali l'appellent la Zinda Pir, ou Sainte Vivante ; le Dalaï-Lama affirme « C'est un être pour qui j'ai le respect le plus profond. Dès l'abord, j'ai été frappé par l'absolue humilité de son comportement. Du point de vue bouddhiste, elle pourrait être considéré comme un bodhisattva ».

 

L’Église catholique reconnaît dans un temps record l’héroïcité de ses vertus, et elle est béatifiée en octobre 2003 par Jean-Paul II.

 

La célébration solennelle de la béatification de Mère Teresa a lieu le 19 octobre 2003 sur la place Saint-Pierre, à Rome.

 

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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 08:29

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Jozef (Jef) de Veuster est né le 3 janvier 1840 à  Tremelo, dans le Brabant Flamand en Belgique, il est le septième enfant de Frans de Veuster, un marchand de maïs, et d'Anna-Katrien Wouters. Après avoir suivi l'enseignement primaire en flamand dans une école de Werchter, un village voisin, il est envoyé en 1858 à Braine Le Comte pour y améliorer son français.

Il n'y reste pas longtemps : au début de l'année 1859 il arrive à Louvain pour y demander son admission chez les Pères des Sacré-coeurs de Picpus, un ordre missionnaire Chrétien. Il commence son noviciat  en février 1859, et prend pour nom "Damien" en référence à Saint Damien.  

À la fin de son noviciat  à Louvain, Damien est envoyé à Paris Il y prononce ses voeux le 7 octobre 1860. Il fait "du latin et du grec du matin au soir" écrit-il à ses parents.

En septembre 1861, il est de retour à Louvain pour les études de philosophie et théologie qui le préparent plus immédiatement au sacerdoce. Elles sont brusquement interrompues...

 

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Maison natale du Père Damien à Tremelo

 

En octobre 1863, un groupe de missionnaires est prêt à partir pour les îles du Pacifique. Son frère Auguste ( (en religion père Pamphile, qui vient d'être ordonné prêtre) devrait en faire partie. Mais il tombe gravement malade, sans doute du typhus. Damien se porte immédiatement volontaire pour le remplacer. Le 30 octobre 1863, Damien s'embarque.

 

Le 19 mars 1864, à 24 ans, il débarque à Honolulu. Ce qui le frappe d'abord c'est l'accueil chaleureux des habitants et leur ferveur. Quelques jours après la Pentecôte, le 21 mai de la même année, il est ordonné prêtre dans la cathédrale  d'Honolulu  avec deux autres séminaristes. Désormais il signe ses lettres du seul titre qui lui tient à cœur : prêtre-missionnaire.

Comme première mission le jeune prêtre est envoyé dans le district de Puna, au sud-est de l'ile d'Hawaï, littéralement au pied du volcan Kilauea. Il est presque toujours en route, visitant les communautés chrétiennes, baptisant fréquemment et construisant des chapelles. Il en reçoit le surnom de « prêtre-menuisier ».

 

Pour freiner la propagation de la lèpre, le gouvernement avait décidé, en 1865, de créer une léproserie  à Molokai, une île voisine, et d'y déporter tous ceux qui étaient atteints de ce mal alors incurable. Leur sort préoccupe les autorités religieuses.

Le 4 mai 1873 l'évêque lance un appel aux missionnaires. Il cherche des volontaires pour se rendre à tour de rôle apporter un secours spirituel aux lépreux de l'ile de Molokai. Damien se trouve parmi les quatre volontaires choisis. Le 10 mai, l'évêque et le père Damien débarquent à Molokai. Il restera définitivement à Molokai. A Honolulu, la presse locale l'acclame comme un héros.

Les malades arrivent par navires entiers à Molokai. Le prêtre-missionnaire est ému : Les pauvres chrétiens à moitié mourant criaient à grands cris pour avoir un prêtre avec eux. Pendant sept ans bien des malheureux sont morts sans recevoir soit le baptême, soit les sacrements des mourants.

Dans cet enfer, il devient le pasteur des 800 lépreux, ainsi que leur médecin. Les progrès de la maladie sont rapides et effrayants ; la mortalité élevée. Il partage leur vie et est amené à prendre en mains les problèmes matériels de ses fidèles. Peu à peu, il construit une vraie communauté, organisant la vie sociale et éducative comme religieuse de ses lépreux. avec une église, des chemins, un hôpital, une école, un orphelinat. Il s'identifie à eux : « Nous autres lépreux », écrit-il dans ses lettres.

Son amour évangélique pour les lépreux force l'admiration, y compris d'un médecin agnostique, Arthur Mouritz qui visite régulièrement l'île entre 1883 et 1888. Il lui rendra un vibrant témoignage. Les protestants également sont admiratifs même si le Père Damien n'est pas tendre pour eux : Les hérétiques sont toujours en embuscade pour surprendre mes pauvres chrétiens. Son catholicisme intransigeant ne l'empêche pas de voir le bien que font certains protestants, comme ce luthérien allemand, représentant du gouvernement dans la léproserie de Molokai. Sa réaction est typique : « Il n'a plus qu'un petit pas à faire pour être tout à fait catholique ».

En octobre 1881, Damien reçoit la plus haute décoration hawaïenne. Dans la lettre qui accompagne la décoration de Chevalier-Commandeur de l'Ordre royal de Kalakaua, la régente du Royaume de Hawaï, lui exprime en termes très chaleureux sa profonde admiration. À en juger par la mention qu'il en fait dans ses lettres Damien est touché par cette reconnaissance publique de son oeuvre.

 

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En décembre 1884, le docteur Arning informe le père Damien : il est atteint par la lèpre. Le diagnostic est confirmé en janvier 1885. Il en parle à son ami Charles Stoddard: « Je suis réputé moi-même attaqué de la terrible maladie. Les microbes de la lèpre se sont finalement nichés dans ma jambe gauche et dans mon oreille. Ma paupière commence à tomber ».

Au début de 1886 une lettre de l'évêque d'Honolulu en annonce la nouvelle dans un périodique missionnaire catholique. Mais, débordant la presse confessionnelle et locale, elle fait rapidement le tour du monde. Les médias font de Damien un soldat héroïque blessé à mort sur le champ de bataille de la lèpre. Les dons affluent. Une souscription est ouverte sur le journal The Times londonien par l'ecclésiastique anglican, le Docteur Chapman. Des volontaires arrivent à Molokai : l'abbé Conrardy en mai 1888 et trois religieuses franciscaines en novembre. Les supérieurs religieux de Damien sont débordés, et peu contents de voir toute l'attention du monde et des bienfaiteurs se tourner vers un seul homme, ignorant le travail des autres missionnaires.

Damien n'accepte pas facilement ce qui lui arrive. Il était tellement convaincu d'être protégé par la Vierge Marie pour qui il a une dévotion sans bornes ! Dans sa correspondance il évite d'abord le mot 'lèpre'. Après quelques mois, il se résigne et fait face avec courage. Dans une lettre à son provincial : « Il n'y a plus de doute pour moi : je suis lépreux ». Homme de foi, il ajoute « Que le Bon Dieu soit béni ! »

A l'épreuve physique s'ajoute une épreuve morale. Son compagnon lui est retiré. Damien est de nouveau seul prêtre à Molokai. Plus grave encore - la lèpre étant souvent associée à la syphilis à l'époque - il est soupçonné d'avoir eu des relations sexuelles. Il accepte de se soumettre à un examen médical (le docteur Arning) qui se révèle négatif. Finalement, son supérieur restreint drastiquement ses visites et contacts à Honolulu. Damien est un homme très seul, soutenu cependant par l'amour de ses lépreux. Il l'écrit lui-même dans ses lettres : plus que la lèpre ce sont les soupçons et incompréhensions de ses supérieurs qui le font souffrir.

 

Damien continue cependant ses activités pastorales comme de développement des deux villages sous sa responsabilité, Kalawao et Kalaupapa : canalisations d'eau, agrandissement de l'hôpital, route entre les deux villages, reconstruction de l'église. Médicalement il s'observe et s'analyse, communiquant ses idées sur la propagation de la lèpre. Il reçoit beaucoup d'aide financière, et des volontaires le visitent, mais il reste seul.

Avec quatre collaborateurs, il continue ainsi d'assumer sa mission jusqu'à 2 semaines avant sa mort, le15 avril 1889, à Kalaupapa sur l’île de Molokai, Hawaï à l'âge de 49 ans. Le 12 février 1889 il avait écrit une dernière lettre à son frère, le Père Pamphyle : « je suis toujours heureux et content, et quoique bien malade, je ne désire que l'accomplissement de la sainte volonté du bon Dieu… »

Robert Louis Stevenson se rend à Hawaï pour rencontrer toutes les personnes ayant connu le père Damien, à la fois des amis et des accusateurs. Il revient en Angleterre et publie dans le Times une longue description de la vie de Damien, balayant au passage les violentes critiques et démontrant leur fausseté une par une. D'après lui, les deux raisons principales sont la méconnaissance de la maladie (on croyait que la syphilis était le premier stade de la lèpre, donc que Damien n'aurait pas respecté son vœu de chasteté) et la jalousie des missionnaires protestants dont C. M. Hyde de l'île d'Hawaï qui ont vu leur « public » décroître au fur et à mesure que la célébrité de Damien croissait.

 

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La tombe du père Damien à Molokai.

 

 

Son corps est rapatrié en Belgique sur le Mercator en 1936, et termine son long périple à Louvain, où il est inhumé dans la crypte de l'église Saint-Antoine.

 

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En 1945, le Mahatma Gandhi rend hommage à l'héroïsme du Père Damien : « Le monde politique et journalistique ne connait pas de héros dont il peut se glorifier et qui soit comparable au père Damien de Molokai ».

Lorsque Hawaï accède à la fédération des États-Unis, ce sont les statues du roi Kamehameha (1959) et du Père Damien que ce nouvel état choisit de placer au Capitole de Washington comme « personnes ayant joué un rôle important dans son histoire ».

En 1989, la Belgique organise l'année Damien.

La ville de Tremelo a fait une fête en l'honneur de Damien. Le bourgmestre a voulu inviter Barack Obama.

 

Le 4 juin 1995, il est béatifié par le Pape Jean Paul II.

 

Le 3 juillet 2008, il a été annoncé que la congrégation pour la cause des saints , puis le Pape Benoït XVI ont approuvé la canonisation du père Damien. La nouvelle a été transmise au cardinal et primat de Belgique Godfried Danneels et Benoît XVI l'a canonisé le 11 octobre 2009. Barack Obama affirme le jour même son "admiration" pour la vie du père Damien de Molokai.

 

Action Damien:  http://www.damiaanactie.info/actiondamien/   ( pour soigner la lèpre et la tuberculose dans le monde)

 

 

 

 

 

 

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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 09:20

Pour introduire cette nouvelle rubrique, j'ai choisi celle qui me tient le plus à coeur, qui pour moi est un modèle: Soeur Emmanuelle. 

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Sœur Emmanuelle, née Marie Madeleine Cinquin, souvent surnommée la « petite sœur des chiffonniers » ou « petite sœur des pauvres », est une religieuse et écrivain née le 16 novembre 1908 à Bruxelles (Belgique) et morte le 20 octobre 2008 à Callian (Var, France). Elle est connue pour ses œuvres caritatives en Égypte auprès des enfants et des plus démunis et est un symbole, dans l'opinion française, de la cause des déshérités. Née de parents belges et français, elle posséde ces deux nationalités. En 1991, le président Moubarak lui a remis la nationalité égyptienne en remerciement de son œuvre au Caire.

A son entrée chez les religieuses de Notre-Dame de Sion, elle prend le nom de Sœur Emmanuelle mais se fait appeler Mère Emmanuelle par ses élèves. C'est sous ce nom qu'elle se fait connaître des médias et devient très populaire dans l'opinion publique, apparaissant régulièrement en tête des classements des personnalités préférées des français.

Madeleine Cinquin est née le 16 novembre 1908 d'un père français, originaire de Calais, et d'une mère belge, originaire de Bruxelles. Elle grandit dans une famille aisée de trois enfants ayant fait fortune dans la lingerie fine et partage ses jeunes années entre Paris, Londres et Bruxelles. En 1914, alors qu'elle n'a que six ans, elle est fortement marquée par la mort de son père, noyé sous ses yeux sur la côte d'Ostende. Cette expérience la traumatise profondément et lui fait se rapprocher de Dieu. Elle déclare que, dans son inconscient, sa vocation de religieuse date de cet accident.

Quelques années plus tard, Madeleine Cinquin souhaite aller à l'université catholique de Louvain mais sa mère s'y oppose car elle estime qu'elle y serait trop oisive. Elle remarque alors que sa fille fait preuve d'une certaine vocation pour le Christ et elle tente de l'en détourner en lui faisant rencontrer une supérieure d'un couvent de Notre-Dame de Sion à Londres. Ceci ne fait que renforcer ses convictions et accentue la quête de toute sa vie, l'aide à l'enfance malheureuse. Après avoir voulu initialement rejoindre les Filles de la Charité, Madeleine entre finalement comme postulante à la congrégation Notre-Dame de Sion le 6 mai 1929. Après des études de sciences philosophiques et religieuses, elle prononce ses vœux de religieuse le 10 mai 1931 et choisit le nom de Sœur Emmanuelle, qui signifie « Dieu avec nous » en hébreu.

La carrière d'enseignante de sœur Emmanuelle commence tout d'abord à Istanbul en Turquie, dans une école pour jeunes filles d'un quartier pauvre de la ville. Sœur Emmanuelle attrape alors la typhoïde et toutes les autres sœurs lui proposent leur sang afin de l'aider à combattre la maladie. Une fois rétablie, en guise de remerciement, sœur Emmanuelle donne une conférence sur la vie de Soliman le Magnifique et impressionne la directrice du collège, Mère Elvira, qui décide alors de l'affecter dans son établissement. Bien que celle-ci se soit engagée à affecter Sœur Emmanuelle chez les pauvres, elle la convainc qu'elle sera plus efficace si elle enseigne à des jeunes filles aisées, appelées à avoir un rôle influent dans la vie turque. Elle enseigne alors les lettres au Lycée Notre-Dame de Sion. Après la mort de sa supérieure, Sœur Emmanuelle ne s'entend pas avec sa remplaçante et elle est envoyée à Tunis.

De 1954 à 1959, elle enseigne en Tunisie pendant cinq ans où elle s'occupe de filles de français installés dans le pays mais ce nouveau poste ne lui convient pas. En pleine décolonisation du pays, les filles dont elle a la charge lui semblent plus superficielles et l'environnement général la fait doucement sombrer dans une dépression. Ce n'est qu'au bout de trois ans que les responsables de Sion se rendent compte de son état et se décident à la déplacer.

Après avoir décroché sa licence ès lettres à la Sorbonne à Paris, Sœur Emmanuelle est de nouveau affectée à Istanbul en 1959 pour une courte durée.

De 1964 à 1971, elle est envoyée en Égypte pour enseigner au collège de Sion à Alexandrie. Cette expérience s'avère de nouveau négative pour elle car les élèves dont elle est en charge sont peu ouverts sur la pauvreté. Elle décide donc d'arrêter d'enseigner la philosophie et s'occupe à la place des filles du quartier défavorisé de Bacos. C'est durant cet épisode qu'elle tombe amoureuse de l'Égypte.

En 1971, à l'âge de la retraite, elle décide de partir, à l'instar du Père Damien qu'elle vénère, s'occuper des lépreux au Caire mais doit renoncer face à des complications administratives car le lazaret se trouve en zone militarisée[5]. Elle décide alors de partager la vie des plus démunis et, avec l'autorisation de sa congrégation, part s'installer à Ezbet-Al-Nakhl, un des bidonvilles les plus pauvres du Caire en Égypte, au sein de la communauté majoritairement copte chrétienne des zabbalines, chargée de la récupération des déchets. En collaborant avec plusieurs églises locales, elle parvient à établir une communauté et lance de nombreux projets de santé, d'éducation et de protection sociale visant à améliorer les conditions de vie.

En 1976, elle rencontre Sarah Ayoub Ghattas (sœur Sarah), alors supérieure de la congrégation copte-orthodoxe des Filles de Marie de Béni-Souef. Francophone et issue d'une famille de la bourgeoisie, elle obtient l'autorisation de l'évêque Athanasios, fondateur de la congrégation, pour rejoindre Sœur Emmanuelle à Ezbet-Al-Nakhl dont elle partage la cabane. En 1977, Sœur Emmanuelle publie son premier livre Chiffonnière avec les chiffonniers dans lequel elle raconte son combat. En compagnie de Soeur Sarah, elle part en 1978 aux États-Unis afin de récolter des fonds. A leur retour, avec l'argent amassé, elles peuvent investir et en 1980, le Centre Salam est inauguré par l'épouse du président Sadate et propose des dispensaires, des écoles, des jardins d'enfants, des centres de formation et un club social.

En 1982, après avoir confié la gestion d'Ezbet-Al-Nakhl à des jeunes religieuses de l'ordre des filles de Sainte-Marie, elle s'occupe des chiffonniers de Mokattam représentant, avec plus de 23 000 personnes vivant au milieux des détritus, la plus grande communautés de zabbalines du Caire. En 1984, Sœur Emmanuelle vient en aide à cinq familles pauvres et leur permet à chacune de se construire un abri, séparé du lieu où sont triés les déchets. Elle fera plus tard construire ce même type d'abris à plus grande échelle afin d'accueillir le plus de monde possible. Elle continue à utiliser son charisme afin de récolter des dons et mobiliser les pouvoirs. Elle permet de raccorder le bidonville à l'eau et l'électricité et poursuit la construction de nombreuses habitations et d'une usine de compost. En 1985, elle s'installe dans le bidonville de Meadi Tora puis se rend à Khartoum (Soudan) la même année pour créer des foyers, écoles, fermes-écoles et dispensaires.

En 1991, à l'occasion du cinquantenaire de la prononciation de ses vœux, le président Moubarak lui remet la nationalité égyptienne en reconnaissance de son œuvre en Égypte . En 1993, à la demande de sa congrégation, Sœur Emmanuelle quitte définitivement l'Égypte et rejoint sa communauté en France. Sœur Sarah dirige alors l'entreprise caritative et continue seule le développement du bidonville de Mokattam. Depuis, un lycée pour filles a été créé grâce à l'opération Orange et des écoles techniques ont été ouvertes pour les garçons. Un hôpital a même été construit grâce au prince Albert de Monaco. En 22 années de présence, l'œuvre de Sœur Emmanuelle a permis de scolariser 85 % des enfants, de faire diminuer la violence et de permettre aux femmes de se libérer.

A son retour en France, Sœur Emmanuelle continue de se battre pour plus de solidarité. Elle écrit des livres, rencontre des jeunes dans les lycées et les écoles, s'occupe également de l'association Les Amis de Paola à Fréjus en aide aux SDF et donne des conférences aux côtés de son association pour sensibiliser le public à l'engagement solidaire.

Parallèlement, Sœur Emmanuelle continue à donner « un souffle » à son association. Elle lui transmet ses principes d'actions qui sont chaque jour mis en pratique sur le terrain. « éduquer un homme c'est éduquer un individu, éduquer une femme, c'est éduquer un peuple ».

En 1995, avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, elle est à l'origine de l'orientation de la campagne présidentielle de Jacques Chirac sur le thème de la fracture et de l'exclusion sociale.

Le 1er janvier 2002, Sœur Emmanuelle est promue par Jacques Chirac au grade de commandeur de la Légion d'honneur avant d'être élevée, par Nicolas Sarkozy, le 31 janvier 2008 grand officier de la Légion d'honneur. En Belgique elle devint en 2005 grand officier dans l'Ordre de la Couronne.

Depuis 1993, elle vivait dans une maison de retraite de Callian dans le département du Var, où elle est morte le 20 octobre 2008 à l'âge de 99 ans. Soeur Emmanuelle aurait fêté ses 100 ans le 16 novembre 2008.

Afin de poursuivre son œuvre à plus grande échelle, Sœur Emmanuelle a fondé l'association « Les Amis de Sœur Emmanuelle » et la « fondation Sœur Emmanuelle ».

Afin de la soutenir dans son œuvre, de développer des actions humanitaires en Egypte et dans d'autres pays comme le Sénégal, le Liban, le Soudan, etc, et d'assurer sa relève, Sœur Emmanuelle a fondé deux associations, Les Amis de sœur Emmanuelle en 1980 et ASMAE et 1985, qui ont fusionné en 1987.

Sœur Emmanuelle était une personnalité très aimée de l'opinion publique en raison de son engagement humanitaire, de sa personnalité, de son caractère exubérant et de son franc-parler, souvent en contraste avec le ton employé par l'Église ou la simplicité d'autres religieux comme l'Abbé Pierre ou Mère Teresa qui s'étaient eux aussi engagés en faveur de plus pauvres et bénéficiaient d'un fort soutien populaire.

Elle était très médiatisée depuis son passage en 1990 à l'émission La Marche du siècle de Jean-Marie Cavada et s'était construite une image caractéristique avec sa blouse, son fichu, ses baskets noires et son habitude de tutoyer les journalistes.

Œuvres écrites par Sœur Emmanuelle

* Sœur Emmanuelle, Chiffonnière avec les chiffonniers, préf. de Jean-Marie Cavada, Editions de
l'Atelier, 1989 et 2007 (ISBN 978-2708239005)
* Sœur Emmanuelle, Une vie avec les pauvres, Editions de l'Atelier, 1991 (ISBN 978-2708228979)
* Sœur Emmanuelle, Yalla, en avant les jeunes, LGF - Livre de Poche, 1999 (ISBN 9782253145677)
* Sœur Emmanuelle, Un pauvre a crié, le Seigneur l'écoute, Emmanuel, 2005 (ISBN 978-2915313505)
* Sœur Emmanuelle, Les mots du Rosaire, Actes Sud, 2001 (ISBN 978-2742734429)
* Sœur Emmanuelle, Agenda 2009. Une année avec Sœur Emmanuelle, Presses de la Renaissance, 21
août 2008 (ISBN 978-2750904364)
* Sœur Emmanuelle, 365 Méditations de Sœur Emmanuelle, Presses de la Renaissance, 09 octobre
2008 (ISBN 978-2750904357)
* Sœur Emmanuelle, Je Te Salue Marie, Elytis, 15 octobre 2008 (ISBN 978-2356390073)
* Sœur Emmanuelle, Les Confessions d'une religieuse, Flammarion, 22 octobre 2008 (ISBN
978-2082125192)

Œuvres en collaboration avec Sœur Emmanuelle

* Sofia Stril-Rever, Matthieu Ricard, Enfants du Tibet : De cœur à cœur avec Jetsun Pema et Sœur
Emmanuelle, préf. de Sœur Emmanuelle, Desclée de Brouwer, 2000 (ISBN 978-2220048109)
* Sœur Emmanuelle, Edmond Blattschen, L'Evangile des chiffonniers, Alice, 2000 (ISBN
978-2930182308)
* Sœur Emmanuelle, Philippe Asso, Richesse de la pauvreté, Flammarion, 2001 (ISBN 9782082100540)
* Sœur Emmanuelle, Marlène Tuininga, Jésus tel que je le connais, J'ai lu, 2003 (ISBN
9782290328736)
* Sœur Emmanuelle, Philippe Asso, Vivre, à quoi ça sert ?, Flammarion, 2004 (ISBN 9782082103411)
* Sœur Emmanuelle, Marlène Tuininga, Le Paradis, c'est les autres, J'ai lu, 2004 (ISBN
9782290343159)
* Sofia Stril-Rever, Sœur Emmanuelle, La Folie d'Amour. Entretiens avec Sœur Emmanuelle,
Flammarion, 2005 (ISBN 978-2082105286)
* Sœur Emmanuelle, Jacques Duquesne, Annabelle Cayrol, J'ai 100 ans et je voudrai vous dire...,
Plon, 20 août 2008 (ISBN 978-2259209212)

Œuvres consacrées à Sœur Emmanuelle

* Pierre Lunel, Sœur Emmanuelle, la biographie, préf. de Bernard Kouchner, Anne Carrière, 2006 (
ISBN 978-2843373640)
* Sofia Stril-Rever, Sœur Emmanuelle, Mille et Un bonheurs : Méditations de Sœur Emmanuelle,
Carnets Nord, 2007 (ISBN 978-2355360046)

Distinctions

* 1980 : Ordre du Mérite
* 1987 : doctorat honoris causa de l'université catholique de Louvain
* 1991 : Remise de la nationalité egyptienne par le Président Moubarak en remerciement de son
oeuvre
* 1993 : Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
* 1995 : Médaille d'Or de l'Académie de Médecine
* 1996 : Officier de la Légion d'Honneur
* 2002 : Commandeur de la Légion d'Honneur (France)
* 2005 : Grand officier dans l'Ordre de la couronne (Belgique)
* 2008 : Grand officier de la Légion d'Honneur (France)

 

 

 

 

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